Ce matin, le froid nous habille lentement. Seule la marche peut réchauffer la complexité de notre machine.
Dans ce linceul blanc, tout est trace… La nôtre d’abord, profonde et bruyante, d’une même cadence, anarchiquement militaire…
Et puis, celles des hôtes de la forêt :
– la fluette du chevreuil, formant un coeur sensible, poudreux à merveille
– la symétrique de l’isard, comme un mouton élégant qui souhaiterait être léger
– la groupée de la martre, nous indiquant la piste à suivre
Toutes ces traces sont les signatures éphémères de la montagne, elles indiquent le bon sens animal, l’instinct, l’intuition, la vivacité, la souplesse et l’intelligence du cheminement…
L’homme s’évertue à imiter cette complicité entre l’animal et la pente… mais difficile de sortir de nos balises contemporaines..
Rêvant de toutes ces traces, j’en oublie que nous allons bientôt sortir de la forêt… A cette époque, sortir de la forêt, c’est comme sortir du ventre chaud de sa maman, on se retrouve livré à des vents battants, un froid mordant, et un environnent hostile…
A peine arrivés à la cabane, nous préférons revenir dans notre refuge forestier, où tout le monde laissera sa trace…balayée par une ultime rafale…