Dès Gelos, une lune en feu, rouille, rousse et douceâtre oscille derrière la futaie. Peu après, nous la perdons, elle se cache derrière son voile de cirrus, laissant un halo discret.
A Bilhères, un ami dameur nous conte la neige qui fragilise les grandes machines humaines.
Puis, nous partons. Au début, la neige est craquante, conséquence d’une rencontre futile entre le chaud et le froid.
La lune se détache, blanche et brillante, juste accompagnée par sa planète pilote. Nos ombres apparaissent, la neige « seimbille », les mots s’évaporent. C’est « Patrick » de faire la trace dans la poudreuse.
Aux pierres de cercle, le sacrifice a enfin lieu : un bol de soupe dans une main, un verre de vin chaud dans l’autre. Et les yeux dans les étoiles du sommeil.
Pendant notre collation, lièvres, renards, campagnols, martres ont laissé leurs signatures tout azimut. Ces traces nous permettent de louvoyer entre les courbures des noisetiers, et quelques houx à boules de cristal.
Ca y’est, nous sommes enveloppés, trainant les raquettes pour apprécier encore.
Et rester à marcher toute la nuit sans un souffle de mots.