Quelques accords de piano perdus s’éparpillent sur la clé de neige. Aujourd’hui, les flocons recouvrent la pluie d’hier qui a tassé ceux d’avant hier. Ces inversions désorientent le manteau neigeux, procurent des sensations étranges aux pas.
Elise découvre la trace d’un doux sourire, restant seule parmi nous. Nous lui emboîtons le pas, cherchant le chemin des louanges au détour des genévriers. Calés sur le dos d’un sapin, nous tentons de partager un pique nique trop frileux pour attendre le dessert.
Pour se réchauffer, la force du collectif fabrique, dépose, taille, tasse, soulève des blocs. Ces derniers s’entremêlent, se biseautent, se collent pour former un abri douillet, protégé du froid et du bruit.
L’appel de la forêt nous rattrape, la hêtraie rayonne de ses pourpres bourgeons. Des coups de projecteurs orientent nos regards, comme une douce mise en scène du cirque plume. Le nez du clown forme un étrange coeur sur cette neige miroir. L’extase n’est pas loin, à moins qu’elle ne soit déjà là sans le savoir. La montagne a choisi de nous guider par ses courbes, lentes et animales.
En quelques heures, le groupe s’est soudé dans une lenteur, semblant arrêter le temps, et vivant peut être l’instant… si précieux et inaccessible…
Sur le chemin du retour, sous la lumière, même les maïs rasés ressemblent au plus beau des Van Gohg…
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