Samedi 12 décembre, place de Verdun, 8 h.
Des randonneurs s’entrebisent des croissants à la main. Ce sont eux, « mes bretons » tant attendus, en mal de montagne, désireux de découvrir les embruns pyrénéens.
Cela fait maintenant des mois que la K7 de nos massifs est en pause printanière. Nous cherchons la neige du ciel, et la trouvons dure comme du vitrail sous nos sécurisantes raquettes.
La journée est paradisiaque : soleil, sourires, vent absent, perte de vue, douces crêtes… Trop de bonheur à survivre, nous devons noyer cette joie dans des bains romains, japonais, incas, amérindiens… La marche du bien être se dilate à chaque pas. Nous sommes en suspension, tout est ralenti dans ce village fantôme d’avant-saison.
Le Bar « Chez Rogé » refuse de nous servir des chocolats, ici, la bière est obligatoire. Compréhensifs, nous entrechoquons les bulles perdues à cette dense journée… prémices de songes à venir.
Conduisant les yeux fermés pour éviter les courbes du Peyresourde, mon camion nous dépose dans un petit paradis pyrénéen.
Je laisse mes « clients » découvrir ce gîte-joyau, le temps de parquer l’estafette.
J’ai toujours plaisir à (re)venir ici, lieu de ressourcement.
Je pousse délicatement la porte en pensant au bon repas de Jef qui nous attend.
Etonnamment, mon regard se fige sur des têtes connues… Pur hasard, me dis-je, mais quelle joie d’imaginer qu’une soirée avec des amis montagnards se présente fortuitement… Et puis, ma vision s’agrandit, je vois ma mère, de très vieux amis, mes enfants, ma compagne, mon frère, mon père, mon beau-père, encore des amies, un ami musicien, puis d’autres, cachés ou pas… Que se passe t’il ? Je me dévêtis, me rhabille, souhaite partir en restant, pleurer en riant, crier en silence. Suis-je dans la réalité?
Non, tout simplement la plus belle surprise que l’on peut faire à un homme : réunir les personnes qu’il aime… le plus simplement possible.
Ce soir, je sais qu’une nouvelle porte s’ouvre, elle est intime, douce, débordante d’amour.
Plutôt que de raconter cette soirée, laissons Alain nous la conter de ses poèmes musicaux, mettez un peu de son, fermez les yeux, c’est par ici…