Harnachés jusqu’aux oreilles, nous envolons les dénivelés grâce aux moyens mécaniques plus ou moins modernes de nos compères skieurs.
Le service de l’Oule déborde de vacanciers hivernant le temps d’une mousse – frites. A peine posé nos tenues de soirée, nous fuyons cette ambiance inhabituelle pour des randonneurs futiles.
Pour s’offrir le panorama du Néouvielle, nous devons contourner des pins accrochés aux pentes. Ces derniers indiquent en toute discrétion un cheminement précis. La neige s’épaissit à chaque pas, laissant le printemps aux innocents. A la lisière, la nudité du paysage opère : les sourires remplacent l’essoufflement. Chacun de nous souhaite découvrir ce qui se cache derrière : un grand silence accompagné de pins isolés, de congères souples, de sommets connus, de rêves non dits et de souvenirs en passages.
Le soleil souligne chaque trait de notre bien aimée avant l’arrivée des premiers flocons.
Nous descendons pour mieux revenir.
Cette nuit, tout le monde est loup, villageois ou sorcier(e), laissant les ronflements aux voluptés de l’aube.
Au matin, la meilleure des poudres blanches s’est déposée avec grâce. Pourtant, les animaux y ont déjà tracé leur récit nocturne. Ici, ce n’est pas le chat qui course la souris, mais plutôt la martre qui chasse l’écureuil. Même les Pyrénées ont leurs Tom et Jerry.
C’est vrai qu’aujourd’hui, c’est Walt Disney, la neige tombe comme à Noël, les arbres sont à leur apogée, même le blanc manteau a goût de sucre d’orge.
Chaque flocon a abandonné une ode à la montagne.
Le refuge nous abrite le temps d’un réconfortant saucisson-fromage.
La magicien du groupe avait annoncé une éclaircie en début d’après midi. Par pudeur, le soleil l’écoute, écarte les nuages et offre la douceur du premier baiser. Nous habitons le même rêve, qui ne nous quittera plus. Le temps s’arrête, et nous descendons avec lui, pour glisser entre neige et soleil.
Le lac déjoue les lignes de fuite, embarquant avec lui quelques passereaux paraissant muets aux sons des caresses verglacées.
Décidément, le grand gentil l’Oule souhaite que nous restions. Le couloir avalancheux de l’an passé ouvre ses entrailles, prêt à déverser poudreuses, arbres morts, et pics en tout genre.
Là-haut, chaque arbre est un décor de cinéma.
Chacun choisit le sien pour s’endormir jusqu’au printemps prochain…
Les photos ici, celles de Cécile par là, et de Nicolas…